Dans le monde d’aujourd’hui, il est plus facile que jamais de communiquer avec les autres et de partager nos expériences de vie. Les médias sociaux font profondément partie intégrante de notre quotidien: améliorant la capacité de communiquer avec nos proches, aidant à l’établissement de nouveaux liens, et permettant de se tenir au courant des événements mondiaux actuels. Pour la majorité des gens, la participation aux médias sociaux est une expérience positive, toutefois pour les individus subissant ou survivant la violence de partenaire intime (VPI), les médias sociaux peuvent avoir des répercussions et des risques exceptionnels dans leur vie.
Rappels des souvenirs du passé
Les comptes des médias sociaux peuvent servir d’albums-souvenir. Malheureusement, pour les survivant·e·s de la VPI, ces albums peuvent servir de rappel des moments les plus difficiles de leur vie. Avec l’arrivée des fonctionnalités de médias sociaux, telle que “Souvenirs Facebook”, une fonctionnalité rappelant aux utilisateurs·trices des messages datés dans leur compte, les survivant·e·s se retrouvent inopinément exposé·e·s à du contenu déclencheur. Une étude réalisée par Dr. Nicolette Little (anglais) à l’Université de l’Alberta a récemment exploré ce phénomène en enquêtant sur les survivant·e·s de la VPI au sujet des incidences de la fonctionnalité “Souvenirs Facebook”. L’étude a révélé que l’imprévisibilité d’être mis·e en présence de son agresseur·se cause effectivement un effet déclencheur. Dr. Little conclut que les survivant·e·s présentent les symptômes, tels que l’anxiété, la dépression, et le sentiment de perte de contrôle, réduisant la capacité de guérir et de tourner la page.
Accès aux personnes subissant la violence et augmentation des risques de violence
En raison de la facilité d’accessibilité et d’auditoire potentiel des médias sociaux, les gens utilisent ce mode principal pour partager leurs histoires et leurs expériences. Pour les survivant·e·s de la VPI, qui éprouvent régulièrement des pertes d’autonomie et de contrôle dans leur vie, le partage de leur histoire sur les médias sociaux est une stratégie pouvant les aider à s’autonomiser et à reprendre le contrôle. Certain·e·s survivant·e·s entreprennent cette démarche souhaitant sensibiliser davantage la violence de partenaire intime et appuyer les autres survivant·e·s. Malheureusement, ce genre de partage peut entraîner des risques. Yelena Dzhanova explique dans le bulletin d’information médiatique, Insider (anglais), que les agresseur·se·s dénoncé·e·s publiquement peuvent choisir de prendre des mesures de représailles et que l’activité médiatique du·de la survivant·e peut permettre aux agresseur·se·s de facilement suivre et d’exploiter les allées et venues du·de la survivant·e.
L’impact des commentaires publics
Les médias sociaux servent non seulement à partager des histoires, mais aussi à créer un forum permettant aux gens d’exprimer librement leurs opinions. Lorsque les cas de la VPI se retrouvent sur les médias sociaux, la tendance générale est d’en faire une raison pour “blâmer la personne victime”. Dans le contexte de la violence de partenaire intime: [Traduction] «Blâmer la personne victime laisse croire que le·la survivant·e a provoqué l’agression ou n’en a pas fait assez pour l’arrêter » (Lettre au journal médiatique, The Reporter, 2022 (anglais)). Les commentaires publiques dans les médias sociaux qui questionnent, blâment, et banalisent les appels des survivant·e·s peuvent avoir un impact négatif sur les personnes subissant de la violence. Celles-ci peuvent se blâmer pour l’agression subie et donc renoncer à se confier à une personne ou à quitter l’agresseur·se. Les survivant·e·s de la VPI peuvent revivre les effets négatifs, tels que le traumatisme et le sentiment de culpabilité, exprimés par les symptômes d’anxiété et de dépression.
En conclusion
Le monde des médias sociaux est complexe, et encore davantage pour les survivant·e·s de la VPI. La recherche dans le cadre d’interaction entre la VPI et les médias sociaux peine à suivre le développement rapide et constant des plateformes des médias sociaux et l’impact qu’elles ont sur les interactions humaines. Malgré ces défis et grâce aux informations disponibles, nous pouvons clairement constater les répercussions directes qu’ont les médias sociaux sur les individus subissant ou survivant la VPI. En sensibilisant les gens à ces expériences, nous souhaitons avoir un impact sur le développement des médias sociaux dans le futur et encourager les utilisateurs·trices à réfléchir davantage à leur engagement sur les médias sociaux.