Les langues évoluent constamment. Tout comme de nouveaux mots sont ajoutés au dictionnaire, d’autres termes sont mis à jour pour refléter l’évolution de notre société et pour valoriser les droits des individus et des communautés à s’auto-identifier. L’une des raisons les plus importantes d’apprendre et d’utiliser une terminologie appropriée est pour démontrer de l’empathie envers les personnes affectées par un langage inapproprié. En réfléchissant bien à notre formulation, nous pouvons contribuer à mettre fin aux cycles néfastes de violence que certains vocabulaires peuvent perpétuer lorsqu’ils sont mal utilisés ou instrumentalisés à tort.
Comment savoir quels termes utiliser ?
En tant qu’organisation au service des personnes ayant subi des abus, nous examinons et réévaluons constamment notre vocabulaire afin de nous assurer qu’il est respectueux et centré sur nos clients. Bien que les membres d’une communauté puissent s’identifier de diverses manières, il est important de choisir un langage qui évite les suppositions et les jugements lorsqu’on se réfère à des personnes dont on ne connaît pas les préférences.
Violence conjugale vs violence fondée sur le genre/Violence à l'égard des femmes vs violence entre partenaires intimes vs abus
Bien que de nombreux cas de violence à l’égard des femmes se produisent à la maison, ce n’est pas le seul cadre dans lequel se produit la violence fondée sur le genre. Auparavant, le terme “violence conjugale” évoquait des images de violence étroitement définies auxquelles toutes les personnes victimes de violence ne s’identifiaient pas. C’est pourquoi nous n’utilisons pas fréquemment ce terme dans le cadre de notre travail. Bien que des expressions similaires telles que “violence entre partenaires intimes” puissent être un descripteur précis dans certains cas, elles excluent également les personnes qui ont subi des violences de la part de membres de leur famille ou d’autres personnes, et nous utilisons donc également ce vocabulaire de manière plus limitée.
Nous utilisons fréquemment le terme générique de “violence fondée sur le genre”, car celle-ci peut prendre de nombreuses formes et être très différente d’une personne à l’autre. Cependant, ce terme n’englobe pas non plus tous les individus confrontés à la violence. Le terme “abus” est également utilisé de manière générale et englobe l’expérience des hommes dans des situations d’abus qui n’entrent pas dans la catégorie de la violence fondée sur le genre. L’utilisation d’un langage plus inclusif nous permet d’englober un plus grand nombre d’expériences et d’offrir plus de possibilités de ressources et de soutien à ceux qui en ont besoin.
Survivants vs Victimes vs Personnes qui ont été victimes d'abus
Aucune communauté n’est uniforme et, tout comme les gens réagissent différemment aux situations d’abus, plusieurs s’identifient étroitement aux termes “survivant” et “victime”, alors que certains les rejettent. Bien que l’on puisse dire que le terme “survivant” a des connotations positives, il ne nous appartient pas de porter un jugement ou une vision du monde sur une autre personne si nous ne sommes pas au courant de ses préférences. Des formulations comme “personnes ayant subi des abus” peuvent aider à s’éloigner des présuppositions, tout en restant centré sur les individus en tant que tels.
Lorsque vous décidez de la formulation à utiliser, il est également important de tenir compte de l’intersectionnalité du problème abordé. La violence sexiste touche souvent plus les femmes de certaines communautés, comme les femmes autochtones, les femmes trans, les travailleuses du sexe et les femmes handicapées. Il est primordial de comprendre les différents obstacles et défis auxquels les femmes de diverses communautés sont confrontées, et de toujours se demander sur quelle expérience il convient de se concentrer dans le cadre de discussions avec elles. Pour renchérir, afin de valoriser pleinement les voix des personnes minorisées, nous devons nous fier à elles pour déterminer le vocabulaire qu’il convient d’utiliser.